07 Juin Accusé de violences conjugales, recherché par le Raid, un homme condamné à cinq ans de prison
Son ex avait été retrouvée gisante dans la cage d’escalier de son immeuble, en avril 2022, dans le quartier Maurepas, à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Poursuivi pour violences conjugales en récidive, un homme de 34 ans a été lourdement condamné par le tribunal correctionnel, mercredi 1er juin 2022.
La victime a été retrouvée le visage bleu violacé, dans la cage d’escalier de son immeuble, à Maurepas, quartier du nord de Rennes (Ille-et-Vilaine). Les voisins l’ont cru morte. Elle a aussi pensé que sa dernière heure était arrivée. Son ex est venu de nuit, le 16 avril 2022, avec une bouteille de rhum et un couteau, a-t-elle dit aux enquêteurs, lorsqu’elle a pu être entendue. Il a donné un coup de pied dans la porte et l’a menacée. Puis il s’est jeté sur elle. Un pouce dans son œil droit. Une main sur la trachée. Des coups de pied, de poing. Elle a perdu connaissance, ne sait plus comment elle a réussi à s’enfuir.
« Avec la douleur, je ne sais même plus où j’ai mal, tellement j’ai mal partout », a-t-elle déclaré au médecin légiste. L’incapacité totale de travail (ITT) a été fixée à « un minimum de quinze jours », avec une incertitude sur l’évolution des difficultés, « en particulier sur les plans psychique, neuropsychologique et orthopédique ». Cette nuit-là, l’homme lui a
sectionné un tendon avec son couteau.
Chez elle, il a tout renversé. Ses affaires, jetées du douzième étage, étaient maculées de sang.
Dans le hall de l’immeuble comme dans la cage d’ascenseur, il y avait aussi des traces.
L’homme s’était barricadé dans l’appartement, bloquant la porte avec un congélateur et un chariot de supermarché, mais il n’avait pas été retrouvé par le Raid, l’unité d’élite de la police nationale. L’ex avait été interpellé trois jours plus tard, en bas de chez lui, par la police.
Sorti de prison en juillet 2021
« Je n’ai jamais tapé une femme jusqu’à ce point-là », se défend-il, devant le tribunal correctionnel de Rennes. Il avance une dispute, avec un ami de son ex, qui l’aurait fait sortir de ses gonds. Mais il nie les coups. « Il y a une réalité. Il ne faut pas abuser », répète-t-il. «Madame, elle a un peu un problème de réflexion, ose-t-il. Si je viens là-bas, c’est par amour, c’est juste pour l’aider », en lui montant des courses et en lui donnant un peu d’argent, déclare-t-il.
De précédentes violences lui sont reprochées, en 2017 et 2021. Il est sorti de prison, en juillet de cette année-là. Trois mois plus tard, une nuit d’octobre, il a déjà donné des coups à la victime. La police l’a retrouvé caché sous le lit. Il avait bu. Il n’aurait jamais dû venir dans l’appartement, cela lui était interdit par la justice. « Elle m’appelait à tout moment, parce qu’elle était en galère », justifie-t-il encore. 507 appels téléphoniques ont, en effet, été relevés par la police.
Au cours de l’enquête, des témoins évoqueront une forte consommation de drogue chez la victime. Son domicile est dans un état douteux. D’autres connaissances se souviennent avoir vu une femme sous emprise. Elle est là, assise dans la salle d’audience. Elle ne s’exprimera pas. M Audrey Ferron, son avocate, fait état de troubles persistants.
4 ans de prison requis
La substitut du procureur requiert une peine lourde : quatre ans d’emprisonnement, dont six mois avec sursis probatoire. S’y ajoutent une série d’obligations et la révocation d’un sursis antérieur de trois mois. Elle demande le maintien en détention d’Éric Buadi-Kabuende, 34 ans.
Arrive la plaidoirie de la défense. « Devant des faits si graves, il aurait fallu qu’un juge d’instruction soit saisi », estime M Amina Saadaoui. Elle déplore que des actes d’investigation n’aient pas été faits : l’analyse d’un couteau retrouvé dans la cuisine, la recherche du jeune homme entré au domicile de la victime en soirée. « Le parquet a voulu une réponse pénale rapide. Est-ce parce que le dossier a été retentissant médiatiquement ? », interroge-t-elle. Elle avait sollicité une expertise psychiatrique, qui n’a pas été faite. Elle plaide la relaxe, au bénéfice du doute. Le tribunal ne l’entend pas ainsi.
Éric Buadi-Kabuende est condamné à cinq ans de prison ferme, avec une série d’interdictions (contact avec la victime, port d’arme…) et la révocation du sursis. Son avocate envisage l’opportunité d’un appel.
Source : Ouest-France